Je suis Malgache et je ne veux pas d’enfant ! Je choisis le “Child Free ”

Le « Child Free » est un mouvement désignant les personnes qui ont choisis de ne pas avoir d’enfant ou traduit littéralement par  libre d’enfant. Ils et elles sont bien décidés, en voyant le titre surement nous nous étonnons ! Nous avons plusieurs questions. Deux femmes, Malgaches ont accepté de répondre sans filtre à Coaching by Santa. Dans un pays où le  « Harena ny zanaka » prime , traduit par « l’enfant est une richesse », elles ont osé choisir ! 

Coaching by Santa : Merci d’avoir manifesté pour cette interview qui parle de votre intimité et de votre choix de vie. La question de nos lecteurs sera pourquoi ce choix de ne pas avoir d’enfant ? 

Aria : La raison c’est que j’ai vécu la galère avec mes parents pour nous élever. Cela m’a réellement traumatisé. Pour cette raison je me suis dite que je ne pourrais pas supporter ce qu’ils ont vécus. J’ai vécu des traumatismes, physiques, morales, psychologiques, psychique pendant mon enfance et mon adolescence. Je suis adulte maintenant mais j’ai eu des blessures graves jusqu’ici je ne suis pas encore guérie. De ce fait, je sais que ne serai pas capable d’élever un enfant pour qu’il soit équilibré parce que moi-même je suis encore blessé et meurtri. 

Grace  : Je me suis mariée à 24 ans, j’ai rencontré mon mari lorsque j’avais 21 ans, un homme pour moi d’abord c’est un compagnon de vie. Pour l’histoire, à 20 ans je n’avais pas l’intention de me marier. L’image du mariage que j’ai observé c’est surtout la femme qui est conditionnée par l’homme tout en subissant toutes les représailles. Dans ce cas, la femme n’a pas assez de pouvoir au niveau de son foyer . Le mariage tout d’abord , je ne le voyais pas comme le concept de tout le monde surtout notre société. Moi je me suis posé cette question « qu’est-ce que je veux dans la vie » ? Avec les réponses à cette question s’ensuivent le « est-ce que je coche des cases » ? Comme étudier, travailler, construire, se marier et avoir des enfants. 

Coaching by Santa : dans notre société malgache, « Ny hanambadian-kiterahana » traduit par « on se marie pour avoir des enfants » quelle est votre avis là-dessus ?

Aria : Je ne suis pas d’accord avec cette idée ! D’après moi, se marier c’est d’abord avoir quelqu’un avec qui partager sa vie dans le bonheur et dans le malheur. Dans le mariage il faut se soutenir mutuellement, accepter l’évolution de l’autre ainsi que notre propre évolution. 

Grace : Se marier ce n’est pas cela, c’est avoir une compagnon de vie, ami , «  mpirahalahy mianala izy tokiko izaho tokiny ». On est ensemble dans la vie. On nous a souvent lancé la question sur l’enfantement, au début j’ai répondu : « j’attends d’avoir une maison, un poste à responsabilité, passer mon permis ». Au faite , je cherchais des excuses et je retardais le moment. Mon père il m’avait eu à 40 ans et ma mère à 30. Là à l’approche de ma trentaine je me suis reposé la question : « est-ce que je veux un enfant ? ». Et là j’avais ces questions encore : est-ce que c’est nécessaire, serai-je heureuse, est-ce que j’en ai envie ? Sincèrement, je suis une femme mais je n’ai pas ressenti ce besoin. 

Coaching by Santa : Comment vous en avez parlé avec votre compagnon ? 

Aria : lui il comprend ce que j’ai vécu depuis mon enfance, il respecte ce choix. A cause des traumatismes, je suis en manque d’affection et d’assurance. Comment j’élèverai un enfant si je ne sais pas comment l’aimer car j’étais tous le temps victime de violence ? et surtout je n’ai rien à partager ?  Je ne veux pas faire revivre cela à un enfant. 

Grace  : on a pris le temps d’en discuter lui et moi, on a à peu près dix ans d’écart et nous sommes d’accord là-dessus. Nous adorons les enfants et nous gardons souvent nos nièces mais pour nous ne sommes pas de ce groupe. Comme je vous l’ai expliqué, nous n’éprouvons pas ce besoin.  On a posé les questions genre si nous étions prêts à nous investir dans l’éducation de nos enfants. Est-ce que nous voudrions nous réaliser à travers l’enfant ? Sincèrement nous sommes sans filtre, je n’aime pas l’idée du qui s’occupera de nous plus tard ? 

Coaching by Santa : Le poids de la société, comment vous le gérez ? 

Aria : maintenant j’ai 48 ans, c’est vrai que les gens parlent et ne font que parler, c’est ma vie et mon choix. 

 Grace  : Il faut être honnête avec soi-même, les gens parlent tout le temps, les gens ils ne peuvent pas comprendre notre choix de vie. Il faut que nous ayons confiance en nous même et notre choix. Moi je souhaite me réaliser moi-même. 

Coaching by Santa : Merci pour ce partage, avez-vous quelque chose à ajouter 

Grace : Dans nos choix de vie, la question à poser concerne également le bonheur que vous vivez ? En ayant ou pas d’enfant, sommes-nous heureux ?

A Madagascar, parler de ce choix est encore difficile. Selon les sondages en 2022, en France, 30 % de femmes de 18 à 45 ans ne désirent pas d’enfant. Le désir d’enfant selon les psychanalystes, est inculqué depuis l’enfance. Cela nait par un désir inné de perpétuer la lignée génétique. Le désir de former une famille est souvent motivé par l'amour et le désir de construire des liens familiaux forts. La perspective de partager l'amour et de créer une unité familiale peut être un moteur puissant.

Dans cette interview, nous ne sommes pas ici pour juger le choix mais comprendre ce choix pour avoir plus d’empathie envers les autres. Nous sommes dans une société à laquelle la pression est omniprésente et dès fois sans que l’on s’en rende compte, nous blessons par nos mots, nos actes. Leur choix, leur vie, le rôle du coach professionnel se doit également d’être comme cela . 

*Par respect de la vie privée de ces personnes la rédaction a changé leur prénom(s) 



 

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